Malgré le froid, malgré Toi, malgré les heures
Malgré le froid, malgré Toi, malgré les heures passées dans la moiteur de la bibliothèque, malgré une mère à côté de la plaque et un père qui se prend pour Casanova, malgré que dimanche a lieu la énième manifestation contre la guerre et l'occupation en Irak, malgré le gars assis avec ses chiens devant Zara, malgré la couche d'ozone et les films d'Ozon, malgré tout ça, moi, créature immature et irresponsable (FIGB power), je me marre. Et encore. Il semble même que ça n'aie pas de fin.
Pour les moments où je ne crois plus en rien. Et
Ca vous est déjà arrivé, à vous, de vous sentir
Le cap de 2H
Deux heures est pour moi l'heure clé. Si je ne dors toujours pas à cette heure-là, je sais qu'une longue nuit commence. Je me relève, et vaque à des occupations diverses et variées. Comme venir écrire cette note sans intérêt particulier sur ce blog sans intérêt (particulier). Comme de retaper mes cours. Oui, j'ai remarqué il y a quelques mois déjà que je travaille assez bien la nuit. C'est peut-être dû au fait qu'il n'y a aucun bruit, car lorsque je vivais encore dans le quartier de la Gare du Nord, ce n'était pas pareil. Il y avait toujours un ivrogne qui gueulait sur le trottoir, de brefs coups de klaxon pour faire sortir les potes, un chien qui aboyait, une petite dispute qui éclatait entre deux tenanciers. Ici, il n'y a aucun bruit. La nuit est véritablement vide. Et c'est depuis qu'on a déménagé que je travaille la nuit. Je sais que personne ne viendra me déranger. Mon père dort, seul pour une fois. Il est complètement transfiguré, mon père. Il y a encore deux ans, il était calme et réservé, presque sage, et se tenait bien éloigné de tout ce qui pouvait m'arriver. Ce dernier point n'a pas vraiment changé, mais tout le reste, bien. C'est comme s'il vivait une seconde jeunesse, à ramener régulièrment des poules à la maison. Il fait attention à son alimentation, a repris le petit jogging hebdomadaire, s'achète des crèmes anti-rides et va une fois par mois chez le coiffeur. Tout ça dans le but de séduire, ou, nuance, de se prouver qu'il peut encore séduire. Ce doit être les deux. Je lui ai demandé l'autre jour quand il allait enfin faire jaillir son côté obscur, celui qu'il m'a refilé (puisqu'il n'y a définitivement rien à glâner du côté de ma mère), et se constituer de vrais trophées de chasse, avec les bustes ensanglantés de ses conquêtes qu'il aurait découpées après les avoir baisées. Je lançais ça clairement en provocation, attendant une réaction, un signe. Qu'il s'énerve, qu'il rigole, à la limite qu'il me cogne pour mon impertinence, suivant l'exemple de ma mère il y a encore pas si longtemps, m'aurait même contentée. Mais non, rien. Juste un sourire qui ne m'était même pas adressé, un sourire de souvenir. Ma question devait lui rappeler autre chose. Quant à mon frère, il ne rentre généralement plus que vers cinq heures du matin. Donc, entre deux et cinq, j'ai trois heures de quartiers libres. Et ça me plaît. Je vais finir par croire qu'inconsciemment, je fais exprès de souffrir d'insomnies. Je trouve toujours quelque chose à faire la nuit, bien plus qu'en journée. Et puis si vraiment je m'ennuie, je peux ouvrir la fenêtre et observer les étoiles, avant qu'elles ne se barrent définitivement. C'est toujours ça de pris.
Bande-son : "Quand tombent les toits"
Courts mais trash #5
Parce que Courts mais trash, c'est des dragqueens, de l'hémoglobine et du mauvais goût, un schizophrène et un masochiste (Richard et Alain), de la mélancolie, de la belgitude vue par un réalisateur canadien, et bien sûr Nana comme on l'aime, j'y retournerai sans hésitation les 14 et 15 avril prochains.
Post-it : coup de coeur (et de pub) pour Jean-Gabriel Périot, dont j'ai vu trois courts, de styles divers mais toujours à mon goût. Up!
Bande-son : "I wanna be your dog" des Stooges
Rien que des mots
Une belle paire de claques dans le dos la gueule. Deux phrases qui fouettent l'air, touchent leur cible, et résonnent encore longtemps après dans la chambre froide noire.
C'est là que j'admets que les mots peuvent être réellement pires que les coups. Pour avoir connu les deux, et avoir été persuadée durant très longtemps que les premiers n'arriveraient jamais à la violence des seconds, je peux affirmer que ces deux phrases, ces quelques mots assénés de manière faussement innocente, ont radicalement changé ma façon de voir les choses. Ces phrases ont fait bien plus de ravages que tous les poings que j'ai pris dans le ventre ou dans les gencives. Parce que les hématomes finissent par disparaître. Parce qu'on ne garde pas toute sa vie la position foetale que le corps adopte instinctivement en gisant sur le parquet. Parce que la brûlure dans le bas du ventre s'estompe sous la douche trop chaude, sous laquelle on reste et se frotte trop longtemps. Parce que le goût âcre du sang dans la bouche se mélange au goût suave du vin. Tandis que les mots, eux, sont imprimés, en négatif, dans une partie de mon cerveau. Message subliminal.
Je pourrais presque dire tatoués. Car il s'agit véritablement de cela : une impression indélébile, la transposition de paroles en lettres noires sur blanc. Les mots continuent leur travail de destruction, lentement, méticuleusement, et chaque jour un peu plus. Bombe à retardement.
Bande-son : "Everyone alive wants answers" de Colleen
(photographie : Abandoned places)